Il suffit d'y croire
Le week-end se termine, et pendant que les familles se retrouvent autour d’un diner de dimanche soir, s’apprêtant à passé une petite soirée devant télé ; tout ceci dans le but de retrouver le chemin du travail en pleine forme ; je charge mes canneas dans la voiture pour aller passer une nuit sur les berges d’une petites rivière coulant à une cinquantaine de minutes en voiture de mon domicile.
Une fois le moteur mis en route plus rien ne peux m’arrêter, première, seconde et ainsi de suite… Jusqu’au premier carrefour où je dois tourner à gauche et où, sur un coup de tête magistral, comme seuls les caractériels impulsifs mal luné savent avoir, je décide de soulever la manette situé à gauche du volant afin d’allumer le clignotant droit. Se faisant je bouscule tout les plans que j’avais établi et me dirige maintenant en direction d’un poste de grande rivière ou je suppose que les carpes se regroupent en prévision de la fraye approchante. 
Lorsque je parviens enfin à destination il n’est pas loin de vingt heures trente et le soleil et déjà bien bas, fleuretant avec le sommet des collines qui constituent la ligne ondulée de l’horizon. J’ai tout juste le temps de disposer deux pièges, accompagnés de leur poignée de bouillettes derrière la bande de nénuphars avant que cette nuit sans lune, devienne d’un noir impénétrable.
Je ne saurai dire pourquoi mais cette soirée débutante avait une saveur spécial. Une inexplicable mais si agréable odeur de réussite annoncée. Non je ne n’ai rien d’un devin et je ne crois pas plus au destin qu’en une entité supérieur nommé Dieu, Allah, Bouddha, enfin appelée là comme il vous plaira. Pourtant une sorte de vibration étrange m’envahissait, tandis qu’une fine bruine inattendue faisait son apparition donnant une dimension encore plus mystique aux secondes qui s’égrainaient silencieusement. Ces secondes j’eux tout le loisir de les compter, presque de les sentir, car j’étais survolté, m’empêchant de clore les paupières. Quelque chose devait se produire, cette nuit et ici. Pour aider le temps à s’écouler, je passais donc un appel à Pierre-Marie, lui exposant mon pressentiment. Il a rit de bon cœur et après avoir échangé des idées sur tout et surtout sur pas grand-chose d’intéressant nous avons fini par nous congédier téléphoniquement aux alentours des douze coups de minuit, à l’instant où le carrosse redevient citrouille et où… « Bordel, je raccroche j’ai un départ ! »
Je saute dans mes waders restaient devant l’abri et en atteignant le fond des ces derniers, je me rends compte ; bien trop tard ; que la fine bruine et devenue une vraie pluie et qu’ils sont trempés jusqu’au bout des bottes… C’est donc les pieds humides et refroidis que je saute dans l’eau tout aussi humide, voir plus humide, pour aller ferrer. Arrivé tout à coté de la trique de carbone, j’observe quelques instants le swinger sautiller comme si, je vous le donne en mille : comme si un chevesne était pendu au bout et tentait avec la force du désespoir de se séparer de mon Fox 2XS qu’il a planté dans ses lèvres. A cet instant tout mon atmosphère déluré cosmiquo-sensoriel s’évanoui, et je commence à moulinet en ramenant un gros poids mort puisque se cabot sans gêne, non satisfait de me levé pour rien à en plus dut tricoter tout sont possible dans une touffe d’herbier. Enfin arrivée en périphérie du halo de ma frontale, dont les piles commence à faiblir, l’herbier donne un coup de tête, puis un second… Et pas des trucs de gringalet, non des bon gros coup de tête bien lourds et bien massif. Ce n’est donc pas le moment de faire dans la dentelle. On serre le frein, en comprime le blank, on tend l’épuisette, et on crie : « Amen ». Amène la mémère dans le filet, tout en force s’il le faut mais amène-la vite…
Cette carpe sera mon unique capture de cette nuit et je la finirai en trouvant un sommeil profond et réparateur
"Le mystique est la force invincible des faibles" Charle Péguy