ACTE 1: Aux Portes Du Jardin D'Eden

Publié le 17 août 2011 par Manu

On dit souvent que l’on pêche avant tout pour le plaisir d’être au bord de l’eau et ce quelques soient les résultats, mais il faut quand même avouer que ce qui nous motive à vouloir passer toujours plus de temps à la pêche est belle est bien la capture de jolies poissons. Que ce soit par le poids ou par un écaillage bien particulier et quand les deux sont rassemblés dans un même et unique poisson, c’est tout simplement magique.

Avec Geo nous avons connu un début de saison très laborieux avec notamment des résultats très irréguliers comme si nous n’étions jamais au bon moment au bon endroit. A la mi-juin nous faisons un rapide bilan de nos pêches printanières et il faut se rendre à l’évidence, nous sommes passécomplètement à côté de cette période de l’année qui nous réussit pourtant plutôt bien généralement.

Désormais nous arrivons en plein dans la période estivale qui est certes très agréable, mais qui est généralement synonyme pour nous de beaucoup de monde au bord de l’eau et d’une avalanche de petites communes. Malgré l’absence de résultats, on garde toujours la même motivation. On est persuadé qu’à force d’observation et de persévérance ça va payer, on a peut-être raté notre printemps mais on compte bien réussir notre été et pour cela nous continuerons à passer deux ou trois nuits par semaine au bord de l’eau.

Et contre toute attente nous commençons plutôt bien cette période si redoutée, puisque que nous rentrons quelques jolies poissons à des endroits où nous ne nous y attendons pas. Après réflexion nous décidons de retourner sur le secteur qui nous a tant malmené quelques mois auparavant, nous sommes persuadé que cette fois ci nous serons au bon moment au bon endroit. La pêche étant prévue le samedi soir, nous décidons d’amorcer le poste par deux fois, mardi soir 3kilos de bouillettes rejoignent le fond de la rivière, et nous réitérons cela le jeudi soir. Lors de l’amorçage du jeudi soir, nous observons avec joie une belle activité sur le poste avec en plus l’impression de voir quelques jolis poissons sauter.

Nous sommes vendredi, le jour de la pêche approche à grand pas, les conditions météo sont plutôt clémentes et nous sommes sur motivé. Toutes les conditions sont réunies pour passer un bon moment au bord de l’eau. Mais par malchance vendredi soir, je chute par-dessus un mur de presque 3 mètres de haut. Sur le coup rien de grave à l’horizon, mais ce n’est que le lendemain matin que je me vois obligé de me rendre aux urgences. Je m’attends au pire, si c’est fracturé je peux dire au revoir à la pêche de ce soir. Mais à ma grande surprise rien de cassé, juste une grosse entorse. C’est clair que la pêche est quand même compromise mais je me dis qu’avec l’aide de Geo c’est toujours possible. A part si lui aussi par malheur se retrouve aux urgences mais il faudrait vraiment être parano pour imaginer cela !!! Et pourtant en sortant de la salle de soins, j’ai l’énorme et horrible surprise de voir Geo dans la salle d’attente des urgences avec le doigt en sang. Nos regards se croisent et nous éclatons de rires, la situation est pourtant loin d’être comique mais nerveusement ce n’était pas tenable.

Quelques points de sutures plus tard, nous sommes obligé de constater avec grande déception que notre pêche de ce soir devra être décalée. Ça ne sert à rien de prendre des risques surtout que sur le poste en question, chaque ligne doit être déposée en bateau. Nous ne savons pas quand est-ce que nous serrons apte à pêcher mais le plus tôt sera le mieux. Nous décidons de continuer l’amorçage et c’est de nouveau 3kilos de bouillettes qui rejoignent les fonds de la rivière le dimanche soir. Les jours passent et la douleur est toujours aussi présente pour nous deux, malgré tous nous décidons tout de même de tenter le coup. Mercredi soir, la voiture est chargée et enfin nous prenons la direction de ce poste, et cette fois-ci non pas pour amorcer mais pour pêcher. Enfin !!! Désormais il nous faut charger les affaires dans le bateau afin de rejoindre le poste, et ce n’est pas chose facile avec deux estropiés comme nous. Il n’y avait personne pour nous voir ce jour-là mais je suis persuadé que s’il y avait eu quelqu’un, il se serait bien marré.

Enfin bref au bout du compte nous arrivons tout de même à rejoindre la berge où nous souhaitons nous installer. Le soleil présent en début de journée semble laisser place aux nuages et à la pluie, je n’aime pas monter les abris avant d’avoir déposé les lignes à l’eau mais là nous en sommes contraint .Nous décidons de pêcher avec seulement cinq cannes pour deux, ça sert à rien de pêcher avec trop de cannes si nous ne savons pas où les mettre. Le premier montage sera posé le long d’un joli band de nénuphars dans un peu plus de trois mètres d’eau, le second pêchera sur un haut fond et ensuite avec les trois dernières cannes restantes, nous barrerons la rivière en formant un escalier.

Chaque canne pêchera avec un petit spot d’environ 300grammes de bouillettes. Désormais les dés sont jetés, la nuit commence tout doucement à tomber. Il reste plus qu’à manger et attendre un éventuel départ qui sera bien entendu le bienvenu. Comme à notre habitude, nous faisons des pronostics sur les cannes qui vont dérouler et le poids des poissons que nous allons sortir et comme souvent nous rêvons de poissons magiques. Nous sommes bercés par le bruit des gouttes qui tombent lentement sur les abris et trouvons très rapidement le sommeil, mais celui-ci sera de courte durée et c’est tant mieux. En effet à minuit et demi le retentissement d’un de nos détecteurs nous retire brusquement de nos bed.

Ni une ni deux nous filons dans le bateau et s’en suit un joli combat au-dessus du poisson dans quatre mètres d’eau, le poisson baisse les armes difficilement et nous avons le plaisir de trouver une jolie commune d’un peu plus de 11kilos dans l’épuisette. La nuit commence plutôt bien, déjà nous ne sommes pas capot et de plus nous ne savons pas pourquoi mais nous avons un bon présage pour le reste de la nuit sur une canne en particulier .

D’ailleurs en rigolant je dis à Geo :

- « t’inquiète tu verras sur cette canne c’est 25+ dans pas longtemps ».

Sur ces belles paroles nous retournons nous coucher, et très peu de temps plus tard un premier bip se fait attendre, suivi d’un deuxième. Cà a tout l’air d’être un chevesne ou un herbier coincé dans la ligne ; mais les bips se rapprochent et s’accélèrent, plus de doute possible ce n’est rien de tout ça. Le contact avec le poisson est pris, avec Geo nous pensons la même chose ; c’est belle et bien la canne pour laquelle nous avions le plus d’espoir qui est parti. Sans plus attendre nous nous rendons au-dessus du poisson en bateau, le combat est cette fois bien plus lourd que le précédent.

Le poisson sonde le fond et nous savons d’ores et déjà que si ce n’est pas un silure, nous avons à faire à une belle carpe. Le combat ne semble pas vouloir durer dans le temps puisque nous apercevons très rapidement une énorme masse blanche quelques centimètres en dessous de la surface de l’eau. Cette fois-ci plus de doute, l’hypothèse du silure est écarté et nous avons belle est bien à faire à une carpe immense. Mais celle-ci décide de retourner voir le fond et nous donne un rush puissant. Notre cœur bat à 100000 milles, nous ne savons encore rien de cette carpe. On ne sait même pas si il s’agit d’une commune ou d’une miroir mais une chose est sûr c’est un bloc !!! Ce rush sera le dernier et l’énorme masse blanche remonte au-dessus de la surface de l’eau, nous avons afin le bonheur de glisser difficilement une énorme commune dans le triangle du bonheur. Nous retrouvons la berge et hissons le fish sur la terre ferme, une fois sur le tapis de réception Geo me dis avec un énorme sourire et pour une fois de façon pas ironique : « Pu..n on l’a peut-être ta 25+ ».

Nous tarons avec précisions le sac et passons sans plus attendre à la pesée. Les chiffres du peson digital ne cessent de grimper et ne veulent pas s’immobiliser, faut avouer que l’excitation du moment nous file la tremblote. Au bout d’un certain temps le pesons décide enfin de s’immobiliser et affiche les 24.2 kg du poisson. Nous mettons avec attention la belle en sac de conservation et retournons très rapidement reposer le montage en bateau.

Il est désormais impossible pour nous deux de retrouver le sommeil tellement nous sommes heureux. Nous rentrons dans une grande conversation qui tourne même au surréaliste. Pour vous dire nous nous voyons déjà rêver de faire une photo d’un doublé avec une miroir de + de 25 demain matin. Malgré tout nous nous endormons, notre réveil ne sera pas orchestré par le bruit d’un détecteur mais par la lumière du jour, le reste de la nuit ayant était très calme. Bizarrement mon premier réflex ce matin-là, sera de jeter un petit coup d’œil sur le sac de conservation contenant ce poisson si précieux. Histoire d’être sûr de ne pas avoir rêvé.

C’est avec bonheur que je constate sa présence. Nous devons passer à la prise des photos, mais le moment s’annonce plus que délicat puisque nous sommes tous deux pas sûr d’être en capacité de lever le poisson à cause de nos blessures. Pas le choix il nous faudra serrer les dents, et puis l’euphorie du moment nous a rapidement fait oublier nos douleurs. La belle est désormais photographiée sous tous les angles et il nous faut la remettre à l’eau, quel plaisir de la voir repartir. Qui sait ? Peut-être que l’on recroisera sa route dans quelques temps, personnellement si je devais la reprendre, je signerai tout de suite.

Il est désormais tant de nous retirer de ces berges qui nous ont donné tant de plaisir durant cette nuit. Force est de reconnaitre que nous passons en quelques heures d’une saison de pêche très moyenne à une saison plus que réussi, et ce quel que soit les résultats à venir.

Et nous n’imaginons toujours pas ce qui nous attend quelques jours plus tard !!!

"Marcher au Paradis ou dans l'Eden, O tentation : Accorde-moi une seconde pour succomber." Kate Bush